C’est un exil que l’on connaît mal mais qui concerne pourtant des milliers de familles françaises: celui des antifranquistes ayant fui l’Espagne dans des conditions dramatiques au moment de la guerre civile en 1936. Cet héritage est celui de la chanteuse Olivia Ruiz, dont elle s’empare pour la deuxième fois avec son roman paru au printemps, Écoute la pluie tomber. Dans son premier livre, La commode aux tiroirs de couleur, elle retraçait déjà la vie de sa grand-mère espagnole réfugiée, à travers un dialogue entre les générations, celles qui sont parties et celles qui sont nées ailleurs.
Les épreuves que son aînée a surmontées, de la traversée clandestine des Pyrénées à la perte de ses parents assassinés, en passant par les petits boulots pour survivre et l’apprentissage d’une langue totalement inconnue, sont celles que connaissent toutes les personnes exilées, et qu’elles transmettent plus ou moins bruyamment à leur descendance. En cela, les mots d’Olivia Ruiz résonnent forcément chez beaucoup d’entre nous.
Myriam Levain