From: myriam levain

La troisième génération en quête de ses origines

Nabil Wakim, journaliste au Monde, vient d’une famille libanaise et pourtant il ne parle pas l’arabe, ce qui est un grand regret pour lui. Ce quadragénaire avait raconté l’histoire de cette transmission manquée dans un livre, il en a également fait un documentaire, Mauvaise langue. Dans ce film, plusieurs personnes racontent leur histoire, similaire à la sienne, et témoignent en creux des parcours d’immigration en France, et de ce qui se transmet ou non de génération en génération. Le constat est sans appel, et fait écho à ce que nous observons au quotidien chez Milim : la troisième génération veut se reconnecter à son histoire et connaître les parcours des aîné.es qui l’ont précédée. Réapprendre la langue est une façon de le faire, leur permettre de raconter leur histoire en est une autre.

Le dialogue intergénérationnel est un sujet que nous connaissons bien puisque nous aidons les familles à écrire leurs témoignages biographiques, et nous accompagnons également des projets comme le podcast À ton âge, réalisé en partenariat avec le FSJU, où des jeunes bénévoles d’association interviewent des personnes retraitées, recréant le temps d’un entretien un pont entre deux époques et deux étapes de vie. Nous sommes nous-mêmes des ambassadrices de cette génération partie enquêter sur ses ancêtres : avant de travailler pour d’autres, nous avons toutes les deux remonté le fil de nos histoires familiales. C’est cette quête des racines qui nous anime chaque jour chez Milim, où, de mille façons, nous questionnons la transmission.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Vos archives familiales racontent aussi la Libération

Il y a 80 ans, à l’été 1944, la France entrevoyait la fin de la Seconde Guerre mondiale, un conflit ayant ravagé son territoire et sa population pendant plus de quatre ans. Entre le mois de juin et le mois d’août, les troupes alliées ont débarqué aux quatre coins du pays, faisant enfin reculer l’ennemi nazi et suscitant une immense vague de joie populaire. On a beau avoir entendu, lu et vu les multiples récits au sujet de la Libération, on découvre sans cesse de nouveaux récits et archives qui ont dormi pendant ces huit dernières décennies, et qui refont actuellement surface.

Alors que le pays entier célèbre les 80 ans de la victoire des Alliés via des rétrospectives, des fêtes et des conférences dans toute la France, il semble plus important que jamais de raconter ce que la guerre fait aux peuples, et de le raconter particulièrement aux générations qui la pensent impossible. Si les témoignages de l’horreur sont parvenus jusqu’à nous, c’est parce que nos aîné.es ont pris la parole et ont transmis leur histoire. Il reste d’ailleurs quelques protagonistes, centenaires ou presque, qui continuent inlassablement de partager le récit de leurs années de guerre. Les petites histoires font toujours la grande, et les commémorations de l’été 1944 en sont une parfaite illustration.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Commémorer grâce au podcast

1944-2024 : il y a 80 ans, la France s’est libérée de l’occupation nazie au prix de nombreux combats sur son territoire, alors que la déportation des juifs se poursuivait. L’Europe abordait alors la dernière année d’un conflit qui allait redéfinir entièrement ses contours géographiques et moraux. C’est cette étape historique majeure que nous avons commencé à commémorer et qui va se poursuivre les prochains mois au gré des dates marquantes de l’histoire de France, que nous avons apprises à l’école et qui jalonnent notre calendrier depuis.

L’année dernière, nous avons eu la chance d’accompagner la commémoration d’une date moins célèbre que le Débarquement ou la Libération de Paris, et pourtant fondatrice pour la préservation de la mémoire juive en France. En 1943 naissait en effet dans la clandestinité l’ancêtre du Mémorial de la Shoah, le CDJC, dont nous avons retracé l’histoire à travers trois épisodes de podcast de 30 minutes. 80 ans après, il reste encore quelques voix qui ont traversé la guerre et qui peuvent nous confier leurs souvenirs : ce sont avec elles que nous aimons le plus travailler chez Milim, quand nous menons des projets mémoriels. Notre spécialisation dans le recueil de témoignages audios permet de raconter les événements historiques à travers un outil à la fois intime et universel : la voix. Vos voix. Ce sont elles qui racontent le mieux les petites histoires qui font la grande, et en temps de commémoration, elles sont particulièrement précieuses.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Résolution de rentrée: raconter l’histoire de vos familles!

La rentrée scolaire fait partie des moments qui rythment une année, qu’on soit encore à l’école ou pas, qu’on ait des proches qui le soient ou pas. C’est le temps des énergies nouvelles et des bonnes résolutions, et peut-être la période adéquate pour lancer les projets qui ont mûri ces derniers mois. Raconter l’histoire de sa famille n’est pas toujours une décision facile à prendre : il faut vouloir se confronter à certains silences et certains tabous, admettre que le temps file, il faut parfois se mettre d’accord avec beaucoup d’autres gens, il faut avoir du temps pour le faire soi-même, ou bien des moyens pour déléguer cette tâche à une tierce personne.
Chez Milim, nous le savons bien : démarrer une biographie familiale est souvent un long processus. Mais force est de constater que la quête des origines est omniprésente, elle est sans doute l’un des grands marqueurs de notre époque ; en témoigne la rentrée littéraire, qui comme l’année dernière, est truffée de livres consacrés à la transmission et à la famille. Et si le fameux déclic se trouvait entre toutes ces pages, dont nous avons fait ici une courte sélection ? Bonne lecture et bonne rentrée !
Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Les vacances, paradis de la nostalgie

Sur le moment, elles nous paraissent parfois interminables, qu’on soit un enfant en proie à l’ennui ou un parent épuisé. Pourtant, pour celles et ceux qui ont la chance de partir chaque été, les vacances restent souvent les souvenirs d’une vie, qu’on se remémore avec tendresse des années ou même des décennies plus tard. Parce qu’elles sont des moments hors du temps, mais aussi parce qu’elles sont des parenthèses familiales, les seules qui nous sortent de la routine de l’école ou du boulot. Pourtant, elles ne sont pas toujours idylliques, loin de là : combien de couples divorcent au retour de leurs congés ? Mais le passage du temps semble recouvrir nos souvenirs d’une couleur sepia, trahissant la réalité pour n’en garder que le meilleur.

Les tas de photos que nous nous apprêtons à prendre cet été en ce siècle Instagram viendront nourrir nos récits familiaux, et nous en redessinerons sans doute quelque peu les contours au fil des ans. Mais après tout, un souvenir se doit-il d’être absolument fidèle à ce qui s’est passé ? La mémoire est mouvante, elle nous accompagne à chaque âge. Qui sait ce que nous raconterons de nos albums 2023 dans 10, 20 ou 50 ans ? L’été arrive et nos souvenirs vont bientôt se fabriquer… Bonnes vacances !

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Le témoignage biographique, un travail d’équilibriste

C’est un exercice d’équilibriste que de recueillir un témoignage biographique. Il faut en dire le maximum, mais il ne faut pas non plus en dire trop -en tout cas rien que ne pourrait regretter le ou la principale intéressée. Et il ne faut surtout pas en dire trop peu. Comment restituer la vérité d’un être qu’on vient de rencontrer ? Comment entrer dans l’intimité de familles qui ne sont pas les nôtres tout en restant à notre place de « passeuses » de parole ? C’est sur ce fil que nous marchons chez Milim, quand nous interrogeons vos proches pour en faire un podcast et un livre à transmettre à leur famille.

Nous vivons des moments intenses avec ces personnes dont nous recueillons le témoignage : il n’est jamais anodin de revenir sur les instants forts d’une vie, qu’ils soient heureux ou malheureux. Le temps de quelques entretiens, nous devenons des confidentes, des psys d’un jour ou bien des accoucheuses d’anecdotes enfouies dans les recoins d’une mémoire. Ce sont précisément ces moments qui rendent chaque parcours unique, et qui justifient que chaque vie soit racontée. C’est une grande joie pour nous de vous aider à construire ces récits, même s’il ne nous est pas toujours facile de décrire à quoi ressemblent nos journées de travail. C’est peut-être aussi bien comme ça : de cette alchimie mystérieuse naît la transmission de vos histoires. 

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Transmettre les récits de la Shoah grâce au podcast

Notre tout nouveau podcast Milim est un projet qui nous tient particulièrement à cœur puisqu’il s’agit de raconter une partie de l’histoire de la Shoah en France pour la transmettre aux nouvelles générations. Pour réaliser Le récit inédit du sauvetage des archives de la Shoah, nous nous sommes plongées dans l’histoire du Mémorial de la Shoah, situé dans le quatrième arrondissement de Paris et devenu un lieu incontournable de la mémoire. Si nous sommes beaucoup à en connaître le Mur des Noms où figurent quasiment toutes les personnes juives déportées depuis la France, peu d’entre nous connaissent la genèse de son centre d’archivage, en plein chaos de la Deuxième Guerre mondiale.

Ecouter notre série de podcasts

En trois épisodes réalisés et montés par nos soins, mixés par le formidable Kevin O’Leary qui en signe également la musique, nous vous racontons le destin incroyable des personnes qui ont permis de collecter des documents rares et décisifs dans l’histoire du XXème siècle. Serge Klarsfeld nous raconte par exemple comment il a retrouvé l’original du télex d’Izieu qui a permis de faire condamner le nazi Klaus Barbie lors d’un procès devenu célèbre. Parce que les derniers témoins de cette page d’histoire sont en train de disparaître, il est plus urgent que jamais de partager les récits de la Shoah, et le podcast est en cela un média parfaitement adéquat. Merci à Flavie Bitan, du Mémorial de la Shoah, de nous avoir confié ce récit, qui, on l’espère, vous procurera autant d’intérêt à l’écoute qu’il nous en a procuré à la réalisation.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

 

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Quand Joann Sfar nous fait découvrir son Algérie

Nous y avons pensé depuis le jour de notre rencontre et nous l’avons enfin fait: notre podcast La vérité si je mens plus, consacré à l’identité séfarade dans ses mille nuances, est enfin en ligne! Pour le premier épisode, nous avons reçu le dessinateur Joann Sfar qui est revenu pour nous sur son histoire juive algérienne, celle qui a inspiré le décor de son célèbre Chat du Rabbin, et dont il évoque la transmission dans La Synagogue. Ensemble, nous avons évoqué la mémoire millénaire des juifs en terre méditerranéenne, un héritage pas toujours aussi joyeux que les stéréotypes ne le laissent entendre.

Joann Sfar : « On apprend à être fier de l’identité séfarade »

C’est pour offrir un espace à ce judaïsme à la fois familier et méconnu que nous instaurons ce rendez-vous mensuel, en partenariat avec RCJ, disponible sur toutes les plateformes d’écoute. Après l’Algérie, c’est la Tunisie qui sera à l’honneur dans notre prochain épisode, où nous recevrons l’autrice Michèle Fitoussi, qui publie La famille de Pantin, un roman dédié à son bagage juif tunisien. À écouter et à partager!

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

 

Vos photos sont des trésors

Elles sont là, au fond d’un tiroir ou d’une boîte à chaussures, et nous ne pensons même plus à les regarder. Elles font partie des meubles, ces photos de nos aïeux que nous n’avons pas ou peu connus, dont nous ignorons la vie, les traits de caractère, les petits bonheurs, les espoirs et les illusions perdues… tout ce qui jalonne une existence.

Et pourtant, sur le papier glacé, leur visage est à portée de main, il nous semble qu’il nous parle et nous passe un message venu d’un autre temps. Nous sommes tenté·es d’interpréter une ressemblance physique ou un regard rieur quand, au contraire, une mine sombre paraît porteuse d’une mauvaise nouvelle. Parfois, en second plan apparaît un paysage inconnu ou un lieu familier. Les tenues, elles aussi, nous disent quelque chose de l’instant immortalisé, d’une époque, d’un milieu social ou d’un pays.

En partageant sur nos réseaux vos archives familiales, vous redonnez vie à ces parents plus ou moins lointains, et vous nous aidez à composer une mosaïque d’archives individuelles qui forment quelque chose de plus grand. Des petites histoires qui font la grande.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

Le récit d’une vie, ça tient en combien de pages?

Lorsque nous parlons de notre activité chez Milim, nous nous entendons répondre régulièrement: «Je n’ai rien à raconter», «L’histoire de ma famille n’est pas intéressante», «Chez moi, il ne s’est rien passé d’incroyable», «Le récit de ma vie ne fera que quelques pages»… Beaucoup de gens croient qu’il faut s’appeler Winston Churchill ou Michelle Obama pour rédiger ses mémoires. Pourtant, il suffit de quelques minutes de discussion pour découvrir que chaque famille, même la plus banale en apparence, a vécu son lot d’aventures, de vaudevilles ou de drames, dont l’écho se transmet de génération en génération, sans que l’on n’arrive toujours à poser des mots dessus. Des vies qui, bien sûr, méritent d’être racontées, sur davantage que deux ou trois pages.

Avec nos témoignages biographiques sonores et écrits, nous proposons de vous accompagner dans ce processus, en interviewant vos proches, vos ami·es, vos collègues, et en en fabriquant un podcast et un livre. Si la démarche s’avère enrichissante pour les personnes que nous interrogeons et leur entourage, elle l’est tout autant pour nous, qui découvrons, au fil de l’échange, un parcours riche de rencontres, d’interrogations, de joies, de peines, de hauts, de bas, de succès, d’échecs. La vie, en somme. Entrer dans l’intimité de quelqu’un, c’est découvrir des choix qui auraient pu être les nôtres ou ceux de nos parents, qui le sont d’ailleurs parfois, c’est à la fois se projeter et écouter. Quelle que soit notre origine et notre trajectoire, nous faisons face aux mêmes questionnements, et c’est ce que nous découvrons chaque jour en travaillant chez Milim. L’intime est universel, on ne le répètera jamais assez.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain

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