La troisième génération en quête de ses origines

Nabil Wakim, journaliste au Monde, vient d’une famille libanaise et pourtant il ne parle pas l’arabe, ce qui est un grand regret pour lui. Ce quadragénaire avait raconté l’histoire de cette transmission manquée dans un livre, il en a également fait un documentaire, Mauvaise langue. Dans ce film, plusieurs personnes racontent leur histoire, similaire à la sienne, et témoignent en creux des parcours d’immigration en France, et de ce qui se transmet ou non de génération en génération. Le constat est sans appel, et fait écho à ce que nous observons au quotidien chez Milim : la troisième génération veut se reconnecter à son histoire et connaître les parcours des aîné.es qui l’ont précédée. Réapprendre la langue est une façon de le faire, leur permettre de raconter leur histoire en est une autre.

Le dialogue intergénérationnel est un sujet que nous connaissons bien puisque nous aidons les familles à écrire leurs témoignages biographiques, et nous accompagnons également des projets comme le podcast À ton âge, réalisé en partenariat avec le FSJU, où des jeunes bénévoles d’association interviewent des personnes retraitées, recréant le temps d’un entretien un pont entre deux époques et deux étapes de vie. Nous sommes nous-mêmes des ambassadrices de cette génération partie enquêter sur ses ancêtres : avant de travailler pour d’autres, nous avons toutes les deux remonté le fil de nos histoires familiales. C’est cette quête des racines qui nous anime chaque jour chez Milim, où, de mille façons, nous questionnons la transmission.

Elisa Azogui-Burlac et Myriam Levain